Cela fait maintenant une semaine que l’IMOCA Holcim-PRB est amarré aux pontons de la marina de Moonbeam, à New York. Et depuis son arrivée jeudi dernier, l’équipe technique du team Holcim-PRB est sur le pont pour effectuer les réparations nécessaires avant le départ de la course transatlantique retour – New York-Vendée –, le 29 mai prochain. 
 
 
Si Nicolas Lunven a profité de cette escale New Yorkaise pour prendre quelques jours de repos après cette éprouvante Transat CIC, c’est en pleine confiance qu’il a laissé son IMOCA aux mains de son équipe technique. Durant ces 20 jours d’escale, l’équipe va essentiellement se concentrer sur la réparation du bout-dehors du monocoque Holcim-PRB. En effet, le premier mai dernier, après cinq jours de course, Nicolas Lunven a averti son équipe à terre de la casse de cette partie du bateau située à l’avant de l’étrave et qui sert à fixer les grandes voiles d’avant. Une avarie qui a nécessité à son équipe de s’organiser pour récupérer des matériaux en France et aux États-Unis : « Suite à l’avarie de bout-dehors, le plus important était de tout mettre en œuvre en amont pour pouvoir réparer ici à New York. Et une fois sur place, c’est une reconstruction qui s’effectue en plusieurs phases. D’abord, une phase de « démolition » : c’est-à-dire que l’on finit d’enlever tout ce qui a cassé pour garder uniquement le matériau sain. Ensuite, on passe à la phase de stratification. Ici, nous avons dû effectuer six phases de stratification, ce qui représente six jours de travail. Entre chaque phase, il faut attendre une douzaine d’heures pour que la résine se fige. C’est notamment pour cette raison que c’est une réparation qui demande du temps. Le timing est serré, l’objectif étant d’avoir un bateau prêt à naviguer pour la Liberty Race (course de démonstration devant la Statue de la Liberté), qui aura lieu le 24 mai prochain. » explique Baptiste Chardon, directeur technique du Team Holcim-PRB.
 
 
L’équipe - composée d’une dizaine d’experts dans des domaines spécifiques -, est donc à pied d’œuvre pour réparer cette pièce, mais également pour effectuer toutes les vérifications nécessaires pour que Nicolas Lunven reparte de New York dans les meilleures conditions : « Au-delà de cette réparation de bout-dehors, qui est vraiment le fil rouge de ce chantier effectué à New York, il a également fallu effectuer un contrôle complet de l’IMOCA. Cette transatlantique a été très éprouvante pour les bateaux, beaucoup ont souffert de problèmes structurels. Nous avons donc réalisé différentes vérifications : structure, gréement, étanchéité, électronique, etc. » 
 
 
Cette escale à New York est un temps fort pour le team Holcim-PRB et Nicolas Lunven dans la préparation de l’IMOCA. Chaque course confronte le bateau à des conditions extrêmes, et chaque retour à quai est l’occasion d'apprendre et d'améliorer l’IMOCA sur lequel Nicolas s’élancera pour le Vendée Globe en novembre prochain. Pour le skipper, il s’agit d’avoir un bateau à 100% de son potentiel pour les prochaines échéances, avec une attention particulière portée aux détails observés lors de la Transat CIC : « Nous ne nous contentons pas de réparer ce qui a été cassé,nous sommes vraiment dans une logique d’anticipation. Avec les retours que nous a faits Nico, nous regardons comment nous pouvons améliorer ou modifier certains détails. L’idée est de mettre en place ces modifications avant le départ pour qu’elles puissent être validées sur la course retour : New York – Vendée. » raconte Baptiste. 
 
 
Si Nicolas Lunven a une revanche à prendre sur cette transatlantique retour, son équipe technique garde les yeux rivés sur le grand rendez-vous de la saison, en novembre prochain : « Le Vendée Globe va arriver très vite. Après la transatlantique retour, le bateau va rentrer en chantier d’été jusque mi-août et nous aurons ensuite seulement deux mois pour naviguer et effectuer les dernières mises au point avant de convoyer le bateau vers les Sables d’Olonne, à l’automne prochain. »
Nicolas Lunven a passé la ligne d’arrivée de la Transat CIC mercredi 8 mai à 16h25 heure locale (22h25 heure française), mais ce n’est que 12 heures plus tard que l’IMOCA Holcim-PRB s’est présenté devant la statue de la Liberté. La ligne était en effet mouillée au large, à plus de 100 milles de distance de Manhattan.  
 
C’est à 22h25 heure française, soit 16h25 heure de New York que Holcim-PRB a pointé son étrave devant Liberty Island aux États-Unis. Il aura fallu 10 jours, 08 heures et 55 minutes à Nicolas Lunven pour franchir la ligne d’arrivée de The Transat CIC. Malgré l’avarie survenue sur le bout-dehors de l’IMOCA au 5e jour de The Transat CIC, le skipper a tout mis en œuvre pour rallier New York en course. Pour sa deuxième course en solitaire à la barre d’Holcim-PRB, le skipper prend la 14è place et assure surtout sa qualification pour le Vendée Globe ! 
 
Cette transatlantique en solitaire n’aura laissé aucun répit aux marins tant les conditions météorologiques auxquelles ils ont été confrontés ont été extrêmes. Dès le départ, Nicolas Lunven était conscient de ces défis et impatient de retrouver la barre d’Holcim-PRB . 
 
Dans le match dès le début, le skipper a vite trouvé son rythme dans le groupe de tête comme il l’explique après avoir coupé la ligne.  « J’ai fait un début de course plutôt prometteur. J’étais dans le match. J’ai mis un petit peu de temps à trouver les bons réglages mais j’étais bien dans le rythme de la course dès le début, plutôt dans le bon paquet jusqu’au moment de l’avarie. C’est plutôt positif car nous avons eu des conditions engagées. Il y avait du vent, de la mer. C’était plutôt au près ou au reaching. J’étais au contact de Paul Meilhat, de Sam Davies, … Décalé plus au nord, il y avait MACIF et Paprec Arkea. Je me sentais bien sur le bateau » . Malheureusement une avarie sur le bout-dehors est venue anéantir tous les espoirs de poursuivre ce match passionnant en tête de la course. « Il y a eu la découverte de cette avarie sur le bout-dehors. C’est le truc un peu stupide. Il y a une des deux galettes d’enrouleur de voiles de bout-dehors qui s’est détachée dans le mauvais temps et qui est venue taper sur le tube du bout-dehors pendant plusieurs heures. Le système que nous avons mis en place pour éviter cela n’est pas infaillible alors que j’étais en confiance. À partir de là, la course a pris un autre tournant, il ne faut pas se cacher, presqu’en mode convoyage car j’étais privé de toutes les voiles d’avant. J’ai découvert l’avarie au moment où le vent était en train de mollir et d’adonner et où j’allais avoir besoin notamment du J0. Mais je suis content d’arriver à New York. C’est une chouette aventure d’arriver ici par la face nord de l’Atlantique Nord ! » raconte le skipper.
 
14 03 231117 JUC HOLCIM DJI 0093
 
Si Nicolas avoue un peu de frustration, il a tenu impérativement à poursuivre la course jusqu’au bout pour continuer à en apprendre un peu plus sur le bateau qu’il mènera autour du monde dans quelques mois. Et cet apprentissage dans des conditions toniques a plutôt été positif ! « On a eu des conditions engagées avec du vent fort au portant, de la mer courte. C’était intéressant de naviguer avec le bateau dans ces conditions là sur plusieurs jours. Le gros point positif, c’est que nous n’avons pas eu de soucis majeurs. Il y a forcément plein de petits points d’amélioration que l’on ne peut voir qu’en naviguant longtemps au large. Donc c’est bien de les connaitre dès maintenant ».
 
Désormais qualifié pour le Vendée Globe (Nicolas devait prendre le départ de cette course pour valider sa qualification, ndlr), le skipper d’Holcim-PRB va souffler quelques jours avant de se tourner vers la suite : la Transat New York-Vendée qui partira le 29 mai prochain. Une course qu’il va aborder avec encore bien plus d’envie ! « On a mis en place les choses avec l’équipe pour se donner les moyens de repartir avec un bateau en très bon état de New York. J’aurai le couteau entre les dents pour faire mieux pour arriver aux Sables d’Olonne »  conclut-il.