C’est à 22h25 heure française, soit 16h25 heure de New York que Holcim-PRB a pointé son étrave devant Liberty Island aux États-Unis. Il aura fallu 10 jours, 08 heures et 55 minutes à Nicolas Lunven pour franchir la ligne d’arrivée de The Transat CIC. Malgré l’avarie survenue sur le bout-dehors de l’IMOCA au 5e jour de The Transat CIC, le skipper a tout mis en œuvre pour rallier New York en course. Pour sa deuxième course en solitaire à la barre d’Holcim-PRB, le skipper prend la 14è place et assure surtout sa qualification pour le Vendée Globe ! 
 
Cette transatlantique en solitaire n’aura laissé aucun répit aux marins tant les conditions météorologiques auxquelles ils ont été confrontés ont été extrêmes. Dès le départ, Nicolas Lunven était conscient de ces défis et impatient de retrouver la barre d’Holcim-PRB . 
 
Dans le match dès le début, le skipper a vite trouvé son rythme dans le groupe de tête comme il l’explique après avoir coupé la ligne.  « J’ai fait un début de course plutôt prometteur. J’étais dans le match. J’ai mis un petit peu de temps à trouver les bons réglages mais j’étais bien dans le rythme de la course dès le début, plutôt dans le bon paquet jusqu’au moment de l’avarie. C’est plutôt positif car nous avons eu des conditions engagées. Il y avait du vent, de la mer. C’était plutôt au près ou au reaching. J’étais au contact de Paul Meilhat, de Sam Davies, … Décalé plus au nord, il y avait MACIF et Paprec Arkea. Je me sentais bien sur le bateau » . Malheureusement une avarie sur le bout-dehors est venue anéantir tous les espoirs de poursuivre ce match passionnant en tête de la course. « Il y a eu la découverte de cette avarie sur le bout-dehors. C’est le truc un peu stupide. Il y a une des deux galettes d’enrouleur de voiles de bout-dehors qui s’est détachée dans le mauvais temps et qui est venue taper sur le tube du bout-dehors pendant plusieurs heures. Le système que nous avons mis en place pour éviter cela n’est pas infaillible alors que j’étais en confiance. À partir de là, la course a pris un autre tournant, il ne faut pas se cacher, presqu’en mode convoyage car j’étais privé de toutes les voiles d’avant. J’ai découvert l’avarie au moment où le vent était en train de mollir et d’adonner et où j’allais avoir besoin notamment du J0. Mais je suis content d’arriver à New York. C’est une chouette aventure d’arriver ici par la face nord de l’Atlantique Nord ! » raconte le skipper.
 
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Si Nicolas avoue un peu de frustration, il a tenu impérativement à poursuivre la course jusqu’au bout pour continuer à en apprendre un peu plus sur le bateau qu’il mènera autour du monde dans quelques mois. Et cet apprentissage dans des conditions toniques a plutôt été positif ! « On a eu des conditions engagées avec du vent fort au portant, de la mer courte. C’était intéressant de naviguer avec le bateau dans ces conditions là sur plusieurs jours. Le gros point positif, c’est que nous n’avons pas eu de soucis majeurs. Il y a forcément plein de petits points d’amélioration que l’on ne peut voir qu’en naviguant longtemps au large. Donc c’est bien de les connaitre dès maintenant ».
 
Désormais qualifié pour le Vendée Globe (Nicolas devait prendre le départ de cette course pour valider sa qualification, ndlr), le skipper d’Holcim-PRB va souffler quelques jours avant de se tourner vers la suite : la Transat New York-Vendée qui partira le 29 mai prochain. Une course qu’il va aborder avec encore bien plus d’envie ! « On a mis en place les choses avec l’équipe pour se donner les moyens de repartir avec un bateau en très bon état de New York. J’aurai le couteau entre les dents pour faire mieux pour arriver aux Sables d’Olonne »  conclut-il. 
Cette Transat CIC est loin d’être un long fleuve tranquille. Elle est extrême et a déjà laissé bon nombre de bateaux sur le bas-côté de l’Atlantique Nord. Nicolas Lunven à bord de Holcim-PRB est toujours en course même s’il a dû renoncer à ses envies de batailler en tête de la flotte. Privé de son bout-dehors depuis maintenant trois jours, le monocoque ne peut plus se laisser porter par ses grandes voiles de portant. Il doit se contenter de voiles plus petites qui ne lui permettent pas d’atteindre les vitesses parfois stratosphériques des premiers.
 
The Transat CIC ne déroge pas à sa réputation. Cette traversée de l’Atlantique en solitaire est extrême et a malmené depuis le départ les hommes comme les bateaux. La majorité de ces quatre premiers jours de course s’est déroulée dans du vent fort et une mer démontée. Holcim-PRB, comme plusieurs autres IMOCA engagés dans la course, en a fait les frais. Hier, alors qu’il évoluait dans le groupe de tête à la 5E position, Nicolas Lunven a prévenu son équipe à terre que le bout-dehors était cassé. Cette partie triangulaire à l’avant de la coque sert comme point d’ancrage aux plus grandes voiles du bateau utilisées dans le vent portant (vent venant de l’arrière). Le skipper a pu gérer la situation avec beaucoup de calme même si les conditions étaient encore difficiles au moment de l’avarie. Il a sécurisé Holcim-PRB et a immédiatement expliqué qu’il continuait la course. Forcément, le monocoque va être pénalisé pour la suite de la route vers New York. Il lui manquera jusqu’à XXX m2 de voile face à ceux qui pourront envoyer leurs voiles de portant et la performance du monocoque en sera affectée. 
Hier, Nicolas a pu récupérer un peu au passage d’une dorsale anticyclonique. Un répit de courte durée puisqu’une nouvelle dépression est à gérer aujourd’hui. Pour l’heure le solitaire, décalé dans le sud du leader Charlie Dalin sur MACIF évolue dans le même système météo que la tête de flotte et tient le rythme des premiers en vitesse. Au dernier relevé, il était pointé à 20,2 nœuds alors que MACIF plus proche du centre d’une nouvelle dépression, affichait 18,4 nœuds de vitesse. Les conditions de navigation vont se durcir au cours de la journée avec notamment un état de la mer dégradée. Des creux de 4 à 4.5 mètres sont prévus pour la flotte des IMOCA et la prudence sera donc de mise à bord d’Holcim-PRB. Nicolas va devoir attendre cette nuit pour retrouver des conditions plus maniables avec un vent qui s’orientera au nord-est pour 20-25 nœuds. Demain, les premiers vont accélérer au reaching (vent de travers), ce sera probablement plus difficile de tenir la vitesse pour Nicolas. C’est dans ces conditions que ses voiles d’avant lui manqueront le plus.  Mais il garde en tête de rallier New York en course. À terre, l’équipe technique s’active depuis hier pour organiser le chantier qui sera mené aux Etats-Unis pour remettre en état le monocoque dans l’objectif du départ, le 28 mai, de la transat retour entre New York et Les Sables d’Olonne.