Cela fait un peu plus d’une semaine que la flotte de la transat New York – Vendée s’est élancée. Et si l’on regarde la cartographie sur le site de la course, on comprend aisément que la météo n’a rien de simple pour les 28 solitaires engagés. Les marins ont fait des choix de route très différents en fonction de leur analyse des données météo reçues à bord mais aussi en fonction des performances de leur bateau selon les différentes allures. Résultat : l’Atlantique s’est transformé en immense échiquier sur lequel les pions sont totalement éparpillés.
 
 
L’allemand Boris Hermann a accepté de rallonger la route par le nord en espérant profiter de conditions de portant favorables pour la fin de course. C’est le seul à avoir fait ce choix. Charlie Dalin mène la flotte sur une route intermédiaire qui lui fait pour l’instant viser le cap finisterre en passant au nord de l’anticyclone. Il a réussi à se faufiler et affiche une avance assez spectaculaire sur ses adversaires. Un autre groupe tente de passer au sud de l’anticylone. 
 
Nicolas Lunven, à bord d’Holcim-PRB ne fait malheureusement plus partie de la bataille entre leaders dans laquelle il a pourtant joué dès le coup d’envoi de New York. Alors qu’il naviguait au coude à coude avec Charlie Dalin, son bout-dehors a cassé. Le skipper d’Holcim-PRB avait fait une magnifique démonstration durant les premiers jours de course et la déception a été immense pour lui et l’ensemble de l’équipe. C’était dimanche. Depuis, Nicolas a repris de l’énergie et est pleinement consacré sur sa course même s’il a dû déconnecter le mode compétition. Privé d’une partie de ses voiles et avec un bateau abîmé, il navigue avec précaution et progresse moins vite vers le but. À terre, l’équipe technique d’Holcim-PRB travaille déjà d’arrache-pied pour préparer le chantier d’été qui était prévu et organiser la réparation du bout-dehors. Nicolas ne pense pas rallier Les Sables d’Olonne avant le 14 juin. Mais tout va dépendre de son avancée dans les heures qui viennent et de la possibilité ou non de suivre sensiblement la même route que Charlie Dalin en se glissant sous l’anticyclone.
 
 
240417 JC HolcimPRB 152356
 
 
Explications : 
 
« Ça fait une semaine que nous sommes partis et côté météo ce n’est toujours pas très clair. Nous avons cet anticyclone des Açores que l’on a tant désiré cet hier et tout le printemps qui arrive enfin. Mais ça ne nous arrange pas trop car il nous barre la route. La flotte est un peu éparpillée partout. Les deux premiers qui ont réussi à s’échapper et sont en train de le contourner. Derrière, il y a un groupe qui fait complètement le tour en passant par le sud des Açores. Moi, je suis dans un groupe où l’on va essayer de faire comme on peut. Avec ma situation, sans bout dehors, je n’ai plus de voiles de portant. L’option de passer au sud des Açores n’était pas envisageable. Donc soit j’arrive à glisser tant bien que mal sous l’anticyclone, c’est-à-dire un peu la route que fait Charlie Dalin mais derrière. Et ce sera plus compliqué car l’anticyclone aura forcément gonflé et pris plus de place sur l’Atlantique. Sinon, il faut que j’attende que l’anticyclone se décale lentement vers l’Europe et suivre sa position. Ce serait forcément plus lent comme ça donc j’espère que la première solution va fonctionner. C’est loin d’être gagné ! Mais je suis têtu et obstiné donc tant que la porte n’est pas totalement fermée, je me laisse la possibilité de me faufiler au sud de l’anticyclone. Il reste pour moi l’incertitude de faire avancer le bateau dans le petit temps sans pouvoir utiliser toutes mes voiles. Ça ajoute encore un peu plus d’incertitude. Nous sommes sur un scenario atypique. À cette époque, normalement nous faisons ces transats au portant et à allure assez rapide. Et là, nous sommes sur une transat très lente. C’est la vie ! Finalement, la course au large est représentative de tous les terriens : Les plans se passent rarement comme prévu. »