Ciel gris et pluie fine ont perturbé le programme de cette avant-dernière journée à Newport. L’organisation a même dû obliger les IMOCA à rester au port tant le vent soufflait fort dans l’après-midi. Le public américain a donc été privé du spectacle et devra attendre demain dimanche pour voir voler les IMOCA sous le magnifique pont suspendu qui relie Newport à Jamestown. À 14h15 heure locale (20h15 heure française), les quatre monocoques engagés sur cette cinquième étape de The Ocean Race quitteront la côte est des Etats-Unis pour rallier l’Europe et le Danemark. La course pourrait bien faire entrer en ébullition les cerveaux des navigateurs qui vont devoir démêler les mailles d’une météo annoncée complexe dès les premières heures de l’étape.
 
Holcim-PRB retrouve la compétition à 100% de ses capacités
 
Pour Holcim-PRB, ce départ va être empreint d’une émotion très particulière. Retrouver le chemin de la compétition après le démâtage survenu au large du Brésil a contraint l’ensemble de l’équipe à se lancer dans un sprint intense mêlant défi logistique et challenge technique. C’est donc grâce à toute la force et l’intelligence générées par le collectif que Kevin Escoffier et ses équipiers seront en capacité de prendre le départ demain à bord d’un bateau qui a retrouvé 100% de son potentiel. Ce matin, tôt, le skipper du projet suisse a pu exploiter une petite fenêtre météo pour faire une navigation d’entraînement alors que le mât n’a été remis qu’il y a trois jours sur Holcim-PRB. Entouré de ses équipiers Charles Caudrelier, Sam Goodchild, Abby Ehler, de Yann Riou (reporter embarqué) et de plusieurs membres de l’équipe technique dont le directeur technique Loïc Féquet, Kevin Escoffier a pu faire monter le speedomètre à plus de 30 nœuds pour mettre tous les bouts sous tension et vérifier l’ensemble de l’électronique. Test validé ! Holcim-PRB est prêt à repasser en mode compétition sur une transat en Atlantique nord pour laquelle la météo offre pour l’heure plus d’incertitudes que de certitudes.
 
Objectif météo : réussir à rejoindre l’anticyclone des Açores
 
Le parcours de 3 500 milles entre Newport et Aarhus via le nord des îles britanniques comptera double. Cette étape est donc un rendez-vous immanquable ! Avec son point d’avance sur 11th Hour Racing Team et Team Malizia à la tête du classement général, l’équipage de Holcim-PRB sait que la tâche ne sera pas facile. Depuis le départ d’Alicante, le niveau de jeu sur l’eau ne cesse de monter et chaque équipe a engrangé de l’expertise. « Bien évidemment les premiers jours, il va falloir retrouver la confiance dans notre gréement même si le travail de l’équipe technique a été impressionnant. On réussit en quelques jours à remettre un bateau dans un état de performance et de régate impressionnant. Tous les bateaux progressent. 11th Hour Racing Team vient de remettre sa paire de foil V2 et vient de mettre des voiles neuves. Malizia a progressé en vitesse. Aujourd’hui, il va falloir être à 100% de nos compétences, à 100% du bateau pour espérer l’emporter à Aarhus. C’est normal. C’est une course de très haut niveau, on vient là pour ça. Nous avons l’équipage pour ça, nous avons le bateau pour ça, nous avons l’équipe pour ça » commente Kevin Escoffier.
 
Charles Caudrelier, skipper du Maxi Edmond de Rothschild, embarque pour la première fois à bord de Holcim-PRB. Son rôle sera celui de navigateur. Un poste clé pour lequel l’expérience du récent vainqueur de la Route du Rhum - Destination Guadeloupe 2022 sera importante. Depuis trois jours, il analyse sans relâche les fichiers météo et parfois les sourcils se froncent comme pour témoigner de la complexité qui attend les quatre marins et le reporter embarqué. Rejoindre Aarhus ne sera pas un long tout droit à pleine vitesse. Une petite dépression calée entre deux anticyclones vient troubler le jeu ou tout au moins les prévisions. « D’un modèle à l’autre, entre le matin et le soir, ça change tout le temps. Il y a vraiment deux schémas. L’un assez rapide et où tout se passe bien. L’autre beaucoup plus compliqué. On peut vraiment avoir toutes les conditions. Mais c’est ce qui rend la course intéressante. Les deux premiers jours, il y aura un passage de front complexe. L’enjeu sera de réussir à le passer. Nous avons des routages qui nous donnent six jours pour aller jusqu’aux Shetlands, d’autres prévoient neuf jours. Soit on traverse avec l’anticyclone des Açores, soit on traverse avec l’anticyclone qui se reconstruit sous les Etats-Unis. Donc dans un cas, nous sommes au portant et dans l’autre, nous serons plutôt face au vent dans peu d’air… Ce ne sont pas les mêmes scénarios » explique Charles Caudrelier.
 
Quelle que soit la météo qui se présentera à eux, Kevin Escoffier, Charles Caudrelier, Sam Goodchild et Abby Ehler feront tout pour récupérer les 10 points qui seront attribués au vainqueur à Aarhus. Ce serait non seulement une sacrée récompense pour toute l’équipe mais surtout une très belle option en vue du finish qui se déroulera à Gênes, deux étapes plus tard.