Le dernier cap de cette troisième étape de The Ocean Race - la plus longue jamais enregistrée en 50 ans d’histoire de la course - le Cap Horn situé par 55°59 Sud, a été franchi par l’équipage de Holcim-PRB aujourd’hui à 17:40 TU soit 19h40 heure française. Kevin Escoffier, Abby Ehler, Sam Goodchild, Tom Laperche et Julien Champolion (OBR) sont les deuxièmes à parer l’extrémité sud de la Terre de Feu. Après 29 jours, 5 heures et 25 minutes de course depuis le départ de Cape Town, 1 heure et 17 minutes seulement séparent Holcim-PRB du leader, Team Malizia. Franchir le mythique Cap en deuxième position a été vécu comme un moment fort par l’équipage du monocoque suisse qui continue de marquer les esprits par ses performances sur le tour du monde.
C’est le troisième passage du Horn pour Kevin Escoffier. La dernière fois, c’était en 2018 sur cette même course. Il était alors équipier sur Dongfeng Race Team avec Charles Caudrelier, équipage avec lequel il avait finalement remporté la course. Aujourd’hui, la satisfaction est grande de parer le Cap à la tête de son projet Holcim-PRB et entouré d’un équipage dont il ne cesse de faire l’éloge “J’ai eu la chance de passer deux fois le Cap Horn, avec Banque Populaire V sur le Trophée Jules Verne et avec Dongfeng Race Team. Comme on dit, jamais deux sans trois ! C’est d’autant plus plaisant de le passer avec mon bateau, mon propre projet, en tant que skipper et avec un équipage avec lequel on a partagé beaucoup de choses. Je suis hyper fier de mon équipage. Ça rajoute une petite saveur en plus ” s'enthousiasme le skipper.
Les conditions étaient maniables aujourd’hui (moins d’une quinzaine de nœuds de vent de sud-est) et tous les membres du projet GO CIRCULAR ont pu apercevoir le Cap Horn depuis le bord. L’expérimentée Abby Ehler compte désormais quatre passages sur son CV nautique ! Pour trois des équipiers, Tom Laperche, Sam Goodchild et Julien Champolion (OBR), c’était une grande première. “On a bien passé le Cap Horn, c’est cool ! Nous attendions ça depuis que nous sommes partis de Cape Town. Il nous reste encore 2 000 milles donc on ne lâche pas. On est tous content de l’avoir passé, c’est la première fois pour Tom et moi, la troisième et quatrième fois pour Kevin et Abby. Ça fait trois fois que j’essaie de le passer, la quatrième était la bonne ! Maintenant, il faut qu’on double Malizia et on termine à Itajai en tête, c’est l’objectif ” raconte Sam Goodchild.
Le Cap Horn symbolise la libération après une longue session de navigation extrême dans le Pacifique. La bataille a été très tendue pour atteindre cette marque symbole de l’étape et le passage en 2e position, avec un bateau à 100% de son potentiel, est important pour préserver la confiance à bord.

Holcim-PRB est attendu d’ici cinq jours dans le port brésilien, avec une arrivée estimée aux alentours du 1er avril. L’IMOCA n’évolue ce soir qu’à 18,9 milles du tableau arrière de Team Malizia et possède 270 milles d’avance sur son premier poursuivant, 11th Hour Racing Team. Cette étape montre depuis près d’un mois que les écarts peuvent se faire et se défaire en quelques heures. Le champ des possibles est donc totalement ouvert pour cette remontée vers le Brésil à condition de faire les bons choix stratégiques, notamment dans le vent plus soutenu qui s’annonce pour les heures à venir. Kevin Escoffier explique : « Le véritable enjeu, c’est toujours d’arriver à Itajai. Il y a de grandes chances pour que l’on passe par le détroit de Le Maire (entre l’île des Etats et la pointe orientale de la Terre de Feu, ndlr), avec une dépression qui s’évacue par l’est, pour avoir un peu moins de vent. Cette dépression va nous permettre de faire du nord assez rapidement, mais on sait qu’il y a beaucoup de courant dans ce détroit, on va y arriver avec un vent portant assez fort, il va falloir faire attention. Ensuite, nous allons faire du nord pour rallier Itajai. La météo est très changeante. Plutôt que d’aller chercher des systèmes météo qui se déplacent très rapidement et qui peuvent changer de direction, il faut privilégier la route nord. Toujours en préservant le bateau, et l’équipage. »
Il reste désormais moins de 2 000 milles à parcourir pour l’équipage de GO CIRCULAR pour tenter de reprendre le fauteuil de leader.
Les mots de Kevin Escoffier
« Le Cap Horn, c’est un caillou mythique. C’est à la fois un point de passage lorsqu’on veut faire le tour du monde et c’est aussi souvent une porte de sortie des mers du sud et une porte de retour vers les civilisations. On a beaucoup parlé du Point Némo sur cette étape, qui a une signification très romantique. C’est vrai que lorsqu’on passe le Cap Horn, même si on peut avoir des gros coups de vent derrière, c’est souvent une délivrance. On se rapproche de la civilisation, on se sent plus en sécurité en cas de problème. J’ai eu la chance de passer deux fois le Cap Horn, avec Banque Populaire V sur le Trophée Jules Verne et avec Dongfeng Race Team lors de la dernière Volvo Ocean Race. Comme on dit, jamais deux sans trois ! C’est d’autant plus plaisant de le passer avec mon bateau, mon propre projet, en tant que skipper et avec un équipage avec lequel on a partagé beaucoup de choses. Je suis hyper fier de mon équipage. Ça rajoute une petite saveur en plus. »