A moins de 800 milles de l’arrivée, le match est loin d’être terminé pour les bateaux figurant dans le groupe de tête, à l’instar de Kevin Escoffier et son IMOCA Holcim-PRB. Les marins continuent d’enchaîner les manoeuvres pour trouver le passage le plus rapide vers la Guadeloupe, au gré des grains et des bascules de vent. Une bataille intense est en train d’être livrée sur cette fin de Route du Rhum - Destination Guadeloupe.
 
 
La tâche n’est pas facile pour le skipper malouin qui mène une bataille de tous les instants sur l’eau, notamment face à Jérémie Beyou (Charal) actuellement 3e place. Seuls 17 milles seulement séparent les deux monocoques. Et Kevin Escoffier, 4e, n’est qu’à 90 milles du leader, Thomas Ruyant. Les quatre hommes de tête (Ruyant, Charlie Dalin, Jérémie Beyou et Kevin Escoffier) sont des stratèges hors-pair. Chaque placement pour un empannage est étudié minutieusement à bord des 60’. Chaque bascule de vent doit être anticipée et exploitée au mieux car il s’agit de ne plus perdre un mille sur les 625 milles restant à parcourir par le leader. Naviguer bord à bord est un gage de performance et rassure comme l’explique le skipper d’Holcim-PRB : « J’ai toujours été à peu près dans le jeu, mais c’est vrai qu’il y a certains moments où j’ai perdu du terrain, notamment quand je me suis fait prendre par la dorsale. J’avais perdu le contact avec les autres donc je suis content de les revoir à l’AIS. Maintenant, rien n’est fait, les Alizés sont très instables, les écarts se créent et se réduisent rapidement. En fonction d’un grain ou d’une bascule, quand on est au portant, ça se joue très vite. Il faut rester concentré car rien n’est fait dans un sens comme dans l’autre, ça va être intéressant jusqu’au bout. »
 
Progresser entre les grains, rester attentif après 10 jours de course, gérer la chaleur écrasante… Les conditions mettent les nerfs des solitaires à rude épreuve et l’on sentait ce matin que Kevin Escoffier n’était pas pleinement satisfait de ses dernières heures de course. « Je ne suis pas un grand fan de ces conditions : déjà, il fait chaud et je ne suis pas un grand amateur de chaleur. Et puis, c’est vrai qu’il y a une part de roulette russe. J’entendais Paul Meilhat (Biotherm) et Jérémie Beyou (Charal) en parler hier à la VHF. Il y a une part de logique, de bien faire marcher le bateau, mais il y a aussi une part de chance : si tu es au mauvais endroit au mauvais moment et que tu prends un grain, tu peux prendre 30-40 milles dans la nuit. Donc c’est vrai que les vents sont moins faciles à appréhender : il faut être opportuniste et chanceux. J’allais plus vite hier, là je ne vais pas aussi vite que j’aimerais. J’ai moins de vent que prévu, donc ça m’énerve un peu ». Mais alors qu’il effectue une course remarquée à la barre de son tout récent Holcim-PRB, le Malouin sait aussi qu’il reste quelques coups à placer. Surtout, il a bien en main son 60’  et prend un plaisir non dissimulé à régater face aux plus grands animateurs de la classe IMOCA. Le podium est à portée d’étrave et Kevin fait tout pour arriver en Guadeloupe, sur sa première Route du Rhum,  à la meilleure place possible.   
 
 
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Les mots du bord : 
 
« Dès que la mer est plate, les bateaux sont faciles. Les conditions sont quand même agréables : il fait beau, la mer est plate, on a 15 noeuds de vent, on ne peut pas se plaindre. Par rapport à ce qu’on a pu vivre avant l’anticyclone des Açores, et notamment pendant le passage du front où les bateaux et les hommes ont souffert, là c’est les vacances. Enfin, des vacances physiquement parlant, psychologiquement, c’est tout sauf des vacances avec ces Alizés très joueurs. Je voulais être dans le coup, là je suis dans le bon paquet. On a vu l’écart s’agrandir entre notre paquet et le reste de la flotte, car la porte d’entrée s’est refermée devant eux, donc les écarts sont importants. Dans notre groupe, ça joue, c’est sympa, on verra le résultat à l’arrivée. Je suis déjà très content d’être là car on sait que les bateaux neufs peuvent parfois être compliqués, qu’ils peuvent avoir des soucis de fiabilité. Donc très heureux d’être aux avant-postes ! »