Il y a précisément une semaine, Damien Guillou quittait à nouveau les Sables d’Olonne après avoir dû rentrer au port de départ de la Golden Globe Race pour réparer le support de son régulateur d’allure.
Au moment de se relancer dans la course, il affichait donc six jours de retard sur les premiers concurrents partis le dimanche précédent. En évoluant dans des conditions météo favorables cette semaine et en effectuant de bons choix de route, le skipper de PRB est déjà revenu sur la flotte. Il progresse actuellement dans du vent portant à bord de son Rustler 36. Il a passé la latitude de Lisbonne et vient de doubler l’autre Français engagé sur ce tour du monde sans GPS, Arnaud Gaist.
En tête de course, après 12 jours de mer, le leader Simon Curven est arrivé cette nuit à Lanzarote aux Canaries. Comme convenu dans les règles de course, lors de ce « drop point », il a pu arrêter son bateau vingt minutes pour échanger avec les organisateurs présents et leur fournir les premières images qu’il a pu tourner depuis son départ des Sables d’Olonne. Le finlandais Tapio Lehtinen est le deuxième à avoir atteint Lanzarote. Les deux leaders sont repartis à bonne vitesse, bien installés dans le flux d’alizé.
Damien devrait avoir plus de mal à gagner du terrain la semaine prochaine. Car contrairement aux premiers, il va devoir composer avec un vent portant plus instable ne lui permettant pas d’assurer une vitesse constante. Le Breton attendra lui aussi le passage des Canaries pour allonger la foulée. Quoiqu’il arrive, le skipper de PRB doit savourer l’une des portions les plus attrayantes de la course en termes de conditions de navigation. La route est longue, il le sait… Et il mène pour l’instant son bateau de main de maître !
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Vincent Riou qui a accompagné Damien dans la préparation de la GGR nous livre son analyse de la situation :
« La semaine s’est super bien passée pour Damien. En quittant les Sables d’Olonne, il avait six jours de retard sur les premiers. Il a eu des conditions météo favorables et il a une bonne vitesse moyenne depuis le début de la course donc cela lui a permis de passer de six à quatre jours de retard. En une semaine, il a rattrapé un tiers de son retard. Ce n’est pas dit que la semaine qui vienne soit aussi bénéfique. Car nous sommes dans un moment de la course où ça va partir par devant. Mais je pense qu’il a moyen de garder un écart stable voire même de continuer à rattraper un peu.
Dès qu’il va rentrer dans des conditions similaires à celles de ses concurrents, il devrait être un peu plus rapide. Il navigue à la latitude de Lisbonne. Il va donc arriver dans des conditions plus chaudes. Dès aujourd’hui les shorts doivent être de sortie à bord et il va attaquer l’une des parties les plus sympas de cette course !
On ne sait pas s’il est au courant qu’il revient sur la flotte. Il a peu d’informations. S’il a des informations, c’est le lundi car c’est le jour où il peut discuter avec un groupe de concurrents francophiles sous forme de vacation BLU. Dans ce groupe, il y a Simon Curven, l’Anglais qui est en tête. Je pense qu’il saura où est Simon car dans cette discussion, ils doivent se donner leur position respective. Il saura donc un peu où il en est. Mais il n’a pas ce facteur pour gérer son moral et sa motivation. Je pense que c’est bien parce qu’il ne se retrouve pas dans la course à tout prix où il faut rattraper tout de suite les autres. Il fait sa course sans la pression de savoir constamment où sont ses concurrents contrairement à ce qu’il peut se passer dans les autres courses. Avant de partir, je lui ai dit de ne pas trop se focaliser sur ses adversaires. Même s’il n’a pas rattrapé les premiers en Australie, ce n’est pas très grave car finalement, il ne sera qu’à mi-course ! Rien ne sera joué.
La course est si longue ! Il faut prendre du recul, trouver son rythme de marin, se détacher de la terre. Quand il est revenu aux Sables, forcément il n’avait pas encore réussi à se détacher de son quotidien de terrien. Cette transition peut peut-être durer entre 15 jours et un mois. C’est le moment où il commencera à vivre pleinement son histoire seul sur son bateau, seul sur l’océan. C’est une aventure personnelle. En tout cas, il y a une semaine il est reparti avec le sourire ! Et c’était ça le principal. »