À 10 jours du départ du Vendée Globe qui, en raison des nouvelles mesures gouvernementales, sera donné à huis clos, Kevin Escoffier revient en détails sur sa préparation. Qu’il s’agisse du sport, de l’alimentation, ou bien encore de la météo, le skipper de PRB n’a rien laissé au hasard cette année et s’est entouré d’experts afin de s’élancer sur son premier tour du monde en solitaire dans les meilleures conditions possibles. Confiné avec sa compagne et ses deux enfants, chez lui à Lorient, Kevin continue d’ailleurs sa préparation. Chaque minute sera exploitée au mieux jusqu’au 8 novembre. 

LE SPORT POUR GAGNER EN RÉSISTANCE

« J'ai participé aux séances de sport dispensées par le Pôle Finistère Course au Large auquel j'appartiens, mais j'ai aussi pratiqué tout seul de mon côté à Lorient, en salle et j'ai fait pas mal de vélo également. J’ai toujours aimé le sport donc je continue à m’entretenir. Cependant, je l'ai fait différemment que sur la Volvo Ocean Race où l’on avait deux séances de sport par jour pour aller chercher de la puissance physique. Là, de ce que j’ai pu voir en solitaire, c’est davantage de la résistance qu’il faut acquérir pour ne pas risquer de se blesser. Il faut être solide tout en ne cherchant pas à tout prix à prendre du muscle. Dans ce but, j'ai axé ma préparation physique sur des exercices de proprioception, de gainage avec un gros travail sur les jambes également. En ce moment je suis confiné ce qui me laisse du temps pour le sport. »

 

UNE ALIMENTATION SIMPLE ET VARIÉE

« À terre, je ne suis pas de régime alimentaire spécifique. Je fais seulement attention, j’évite tout ce qui est sucres, en favorisant plutôt les protéines et le gras et j’essaye surtout de manger des aliments variés. En mer, je ne suis pas compliqué non plus, tant que je varie les plats ça me va ! Pour le Vendée Globe, j’ai choisi de préparer l’avitaillement avec Virginie Auffret qui est diététicienne. L’enjeu c’est de rester performant durant plus de deux mois, donc l’alimentation est vraiment très importante. Ensemble, nous avons défini mes menus selon 3 journées types, tempérée, chaude et froide. Mon sac pour un jour tempéré est constitué de trois plats dits classiques, une barre protéinée, des noix ainsi qu’une petite boîte de conserve. Pour une journée chaude, c’est à peu près la même chose, sauf que l’un des trois plats est froid. Et quand je me retrouverai dans les zones où les températures seront beaucoup plus fraîches, j’aurai quatre plats, j’en rajoute un la nuit. »

 

LE SOMMEIL, DE QUALITÉ ET AU BON MOMENT
« Je suis suivi par un médecin du sommeil. Ensemble on a travaillé sur deux axes principaux, l’ergonomie pour augmenter la qualité de mon sommeil et on a cherché aussi à déterminer mes « portes de sommeil », c’est-à-dire les moments où je suis le plus à même de récupérer. Concernant la durée de ce repos, dans l’idéal, il faut qu’il soit de 40 minutes, ce qui permet une récupération à la fois physique et mentale. En deçà, tu ne récupères que physiquement, alors autant sur une transat de deux semaines c’est gérable, pas sur une course en solitaire de 70 jours. Après tout cela est à adapter en fonction des conditions météo, si elles le permettent, je pourrais faire des siestes plus longues, de 1h30 voire 2h00, mais ça reste rare. »

 

LA MÉTÉO, ENTOURÉ D’EXPERTS

« J’ai fait pas mal de cours de météo durant le confinement avec le Pôle Finistère Course au Large, mais aussi de mon côté avec Jean-Yves Bernot qui est météorologue spécialisé dans la voile. Ça, c’est pour le côté apprentissage. En ce qui concerne la préparation météo juste avant le départ, comme on a le droit d’être accompagné*, j'ai de nouveau fait appel à l’expertise de Marcel Van Triest. Avec lui, l’objectif sera d’étudier la situation des premiers jours de façon précise, et la suite, environ jusqu’à Cape Town, statistiquement. » 

 

AU SUJET DU CONFINEMENT 

« La première semaine du village, PRB a dû revoir son dispositif. Mais j’ai quand même pu rencontrer les salariés. C’était un moment de partage extraordinaire et c’est aussi pour ces moments que j’aime notre sport. Nous allons pouvoir partir le 8 novembre faire le tour du monde. Alors que le confinement vient d’être annoncé, nous sommes privilégiés et cela décuple mon envie de partager mon Vendée Globe. » 

*Une fois en mer, le routage des concurrents est interdit. Ils font seuls leur choix de route.