Parti jeudi après-midi de Lorient, Kevin Escoffier a franchi la ligne d’arrivée des 48h Azimut à 13h25 ce midi en 5e position après une belle course marquée par un finish particulièrement dur pour les nerfs ! Auteur d’une superbe remontée cette seconde nuit, Kevin s’est emparé ce matin des commandes alors qu’il ne restait que quelques milles à parcourir. Tous les espoirs étaient permis pour envisager une victoire, mais une dorsale anticyclonique sur la route de l’arrivée a redistribué toutes les cartes juste devant l’île de Groix… A l’arrêt à 10 milles de la ligne, le Malouin a vu revenir au loin les bateaux qui avaient pris l’option de longer les côtes de l’Île, parmi lesquels Charal de Jérémie Beyou qui s’est emparé de la victoire. Si la frustration est bien réelle, Kevin n’en demeure pas moins content de sa gestion de la course et renforce un peu plus son capital confiance à 56 jours du départ du Vendée Globe.
Ces 48h Azimut étaient la dernière occasion pour les concurrents du Vendée Globe de se confronter au large en solitaire avant de prendre le départ du tour du monde. En attaquant les 500 milles à parcourir à haute vitesse lors des deux grands bords de reaching favorables aux derniers nés de la classe IMOCA, Kevin Escoffier savait que l’entrée dans la course allait être difficile pour son monocoque âgé de 10 ans. Son objectif était tout simplement de « naviguer propre en solitaire ». Mais il savait aussi que des opportunités pouvaient se présenter avec pas mal de rotations de vent prévues sur le parcours et la présence d’une zone sans vent à l’approche de l’île de Groix devant Lorient.
Parti en deuxième rideau sur la ligne de départ, PRB a d’abord cravaché pour recoller sur la tête de flotte. 8e au premier pointage au Sémaphore de Beg Melen, il remonte à la 6e place lors du pointage au second Way Point. Le monocoque orange et noir est alors distant d’une heure et trente minutes du leader Charlie Dalin. Revenu dans le Top 5 hier, c’est véritablement en milieu de la nuit dernière que Kevin Escoffier a recollé au duo de tête composé d’Apivia et de L’Occitane. A la faveur d’un léger décalage dans l’est lors de la remontée vers Lorient, il s’empare de la tête de flotte un peu avant 10h ce matin…Mais alors que le plan semble se dérouler comme prévu, PRB se retrouve dans une zone sans vent. Brutalement arrêté, Kevin ne peut qu’assister, non sans frustration, au retour de ses concurrents, qui positionnés près des côtes bénéficient d’un léger flux.
A la lutte pour saisir la moindre risée, Kevin finit par toucher de nouveau un peu d’air pour rejoindre la ligne d’arrivée, qu’il franchit finalement en 5è position après 1 jour 21 heures et 33 minutes de course. Si le résultat n’est pas à la hauteur des espérances du skipper de PRB qui a touché de très près une première victoire à bord de son 60 pieds, il reconnait avoir pris beaucoup de plaisir à naviguer, et surtout il retire de ces 48h au large en solitaire de nombreuses satisfactions.
Demain, l’IMOCA PRB prendra le départ du Tour de Groix, dernière épreuve de ce Défi Azimut. En équipage, Kevin tentera de battre le record détenu depuis 2015 par son prédécesseur Vincent Riou en 1 heure 8 minutes et 10 secondes.
LES DÉCLARATIONS DE KEVIN :
« On savait depuis le départ que l’on allait arriver dans une dorsale. J’aurais sûrement pu virer un peu plus tôt car je savais que ça allait prendre de la droite donc que j’allais faire le tour de la baie. Je suis le premier à enclencher quand je suis au contact avec Apivia, je tourne justement en voulant protéger ma place avec Initiatives Cœur et Charal qui avaient viré. Je pensais que j’allais réussir à croiser devant mais ça se joue à 1,5 milles et après je tombe dans 0 nœud de vent et j’ai regardé les bateaux passer. Le plan était clair dans ma tête, mais c’était sans compter sur les caprices de la météo qui ont redistribué les cartes sur cette fin de course.
Je suis forcément un peu frustré car j’ai mis beaucoup d’énergie cette nuit pour revenir, j’ai pas mal bossé sur les virements où je fais full matossage à chaque fois, ce qui est un petit job sur ces bateaux-là. Comme je l’avais dit avant le départ, je n’étais pas le plus rapide au reaching, on l’a vu sur le premier bord. Dans ce type de conditions, où le vent est assez faible, 13/14 nœuds, les bateaux neufs et les foils 2020 vont plus vite que moi, mais j’ai tout de même réussi à compenser en réalisant de jolies manœuvres.
Même si je ne suis pas satisfait du résultat, c’est une régate où je me suis vraiment éclaté. J’ai vu que j’étais dans le rythme physiquement, le bateau n’a rien. Je suis content de mes manœuvres, j’arrive à trouver rapidement la vitesse du bateau. Tout ça, ce sont des choses très positives pour la suite ! Et puis je préfère que ce scénario arrive sur cette course, je garde mon capital chance pour le Vendée Globe, ça n’est pas plus mal ! (Rires) »