Un samedi matin à Port-La-Forêt, Kevin Escoffier se prépare à partir pour 48 heures de navigation en faux-solo. Yann Riou, le mediaman du projet est présent, à ses côtés, un autre homme attend également pour embarquer. A sa carrure, on hésite entre le joueur de rugby ou le pratiquant de sport de combat. Gagné ! C’est un ancien judoka de haut niveau, Alexis Landais, devenu préparateur mental. Kevin l’a rencontré sur la Volvo Ocean Race avec Dongfeng Race Team (course autour du monde en équipage avec escales que Kevin a remporté en 2018). Le courant entre eux était bien passé, alors quand le Breton s’est lancé dans l’aventure du solitaire avec PRB, il l’a recontacté. « Le Vendée Globe est typiquement l’une des courses où le mental est important. Pour tout le monde, la condition physique est une évidence, pourquoi il n’en serait pas de même pour le mental ? Sur un tour du monde en solo de 70 jours, il faut savoir sans cesse s’adapter, être capable de prendre des décisions et pour moi cela nécessite d’être fort psychologiquement, c’est la raison pour laquelle j’ai fait appel à Alexis. » explique Kevin.

Depuis janvier, les deux hommes travaillent ensemble, mais c’est la première fois que l’ex-judoka embarque à bord du 60 pieds, « Cette navigation est importante pour que je me rende compte des exigences, de l’environnement, et du tempo qui est imposé. C’est aussi l’occasion de voir comment Kevin applique les différentes stratégies que l’on a pu développer. » commente Alexis, dont le travail avec le skipper de PRB s’articule principalement autour de la notion d’objectifs. « On a mis en place une feuille de route quotidienne que Kevin doit respecter, en ayant toujours en tête de se préserver. Plus concrètement, il s’agit de routines à suivre : récupération, alimentation, hydratation (etc.) à des moments clés de la journée. Tout est prévu en quelque sorte et cela permet à Kevin d’avoir constamment un temps d’avance sur ce qu’il a à faire, notamment pour gérer ses manœuvres. Cette anticipation, cette prise de décision réfléchie est primordiale afin d’éviter toute situation d’urgence dans laquelle ses émotions pourraient prendre le dessus. Alors bien sûr, cela n’écarte pas pour autant le risque de se tromper, mais les erreurs font partie intégrantes de la course. »

Sur ce point aussi, Alexis travaille avec Kevin, « Sur une course de 70 jours, il y a forcément des fautes qui vont être commises. Si à un moment donné, tu es capable de passer au-delà et d’avancer en te projetant vite sur ce que tu peux mettre en place pour être efficace, alors tu as gagné. La voile est un sport d’imperfections, on n’est pas sur une discipline artistique où l’on vise le 10/10. Là, en l’occurrence, il faut faire le moins d’erreurs possibles et à la fin, c’est souvent celui qui y est parvenu, qui l’emporte. » analyse le préparateur mental et pour conclure précise, « L’enjeu premier pour Kevin, c’est de terminer le Vendée Globe. Dans un second temps alors, il pourra se projeter sur la performance purement sportive, mais ce n’est pas ça qui doit le guider. »

En plus de cette préparation mentale, Kevin consacre les dernières semaines qui le séparent du Vendée Globe à peaufiner son bateau et à trouver ses automatismes au large. Cette semaine, il compte parmi les participants au stage organisé par le Pôle Finistère Course au Large et la semaine prochaine, il prendra le départ de son ultime compétition avant le Tour du Monde, le Défi Azimut, du 9 au 13 septembre à Lorient. Un dernier rendez-vous qu’Alexis Landais observera de près car Kevin fera face à une bonne partie de ses adversaires du Vendée Globe.